Pivot… Bien plus que « quelques lettres »…
« Lire un roman, ce n’est pas refuser le monde dans lequel nous vivons, c’est entrer dans le monde par une autre porte ». C’est par ces termes que Bernard Pivot, invité de Sonia Mabrouk sur la chaîne Public Sénat il y a quelques années, exprimait sa déception de constater combien les hommes politiques dits modernes négligent à tort la lecture de romans.
Homme de télévision, journaliste, écrivain, Bernard Pivot laisse derrière lui l’image d’un homme engagé dans la sauvegarde du patrimoine littéraire français et mondial. Il a oeuvré toute sa vide durant, sans relâche, honnêtement, sincèrement, pour que le livre – dont François Mauriac disait qu’il était « une porte ouverte sur un monde enchanté » – se transforme en un support, un prétexte à toutes les discussions, débats, parfois agités, enflammés, mais toujours courtois. Pour que cet outil du savoir et de la culture devienne le reflet de notre âme.
Bien connu pour avoir animé avec succès l’émission « Apostrophes » pendant une quinzaine d’années, sa sélection hebdomadaire de romans et autres ouvrages écrits a permis à bon nombre de français de découvrir de nouveaux auteurs, de nouveaux styles, de nouvelles fictions pour mieux vivre la réalité et ainsi, l’air de rien, toucher du bout des doigts un certaine idée de la culture à la française.
Car en remettant au goût du jour les salons littéraires qui avaient fait florès au cours du 19ème siècle, par le truchement du posté télévisé, Bernard Pivot a ouvert ces salons à l’ensemble de la société française dans un torrent de liberté totale, sans censure aucune.
Qu’il semble loin, aujourd’hui, ce monde ! Qu’elle semble évaporée cette richesse intellectuelle que le monde entier nous enviait ! Ce fourmillement d’idées, ces joutes verbales agrémentées de bons mots et de tournures d’esprit virevoltantes nous manquent. D’autant plus qu’elles ont laissé place à l’indigent, au grossier, au vulgaire, à la bêtise et au vide…
L’histoire retiendra que ce début du mois de mai 2024, alors que la nature bat son plein et que les beaux jours pointent le bout de leur nez, nous avons perdu deux monuments de notre culture, deux moments intimes au cours desquels en famille, entre amis, devant cette improbable lucarne au verre mal dégrossi, tel un miroir déformant, nous nous attachions à trouver un mot plus long ou le résultat d’un calcul alambiqué avant d’écouter, échanger et apprendre auprès des plus beaux esprits de notre époque.
Une époque au cours de laquelle notre liberté commençait d’abord par celle de notre àme.
Amitiés patriotes
P.MAGNERON
un très grand monsieur..la langue française vient de perdre beaucoup!
Remarquable hommage rendu par P. Magneron â Bernard Pivot. Voilà la France que nous portons dans notre coeur faite de femmes et d’hommes d’esprit, honnêtes et sincères.
Place d’Armes en réunit plus qu’on n’imagine. Ils sont réservés, silencieux. Ils doivent être persuadés que P.A. est un tremplin à partir duquel chacun peut édifier son mât de cocagne en groupes pour refonder notre pays de Cocagne, notre douce France.