Pour un retour du citoyen-soldat !
A l’heure où ces lignes sont couchées sur le papier, en ce jour commémorant la fin de la Grande Guerre, la situation de délabrement de notre pays s’aggrave un peu plus chaque jour. Le nouveau monde, slogan publicitaire de la campagne du candidat financier Macron en 2017, semble s’imposer et chasser les traditions séculaires qui ont façonné notre pays.
S’agit-il d’être nostalgique d’un passé après lequel nous courons désespérément ou bien faut-il résolument tourné le dos à ce qui nous a construit, notre identité, notre culture, notre histoire, notre foi et rentrer dans ce 21ème siècle nu de nos origines ?
Répondre à cette question est l’une des possibilités de présenter cette problématique sous l’angle du conservatisme contre le progressisme, la souveraineté contre la mondialisation.
C’est aussi porter son interrogation sur les origines de ce nouveau paradigme au sein duquel la représentation de l’individu est au centre de toute chose, faisant fi de toutes ces relations sociales ayant pourtant jusqu’à présent contribué à son épanouissement par la défense et la protection du Bien Commun.
Notre société va mal. En l’espace de six ans, la résurgence d’un vieux démon que l’on croyait oublié, ringardisé, effacé de notre mémoire s’est manifestée dans tous les esprits ayant un tant soit peu de recul, d’analyse objective de ces événements, de bon sens en somme, qui nous échappent et dont on pressent l’inéluctabilité. Le spectre de la guerre est là, il est revenu. Civile ou militaire, rien n’est encore tranché.
Nous étions convaincus (mais n’était-ce pas là la justification même de la construction européenne ?) que nous étions protégés. Fini les antagonismes entre nations européennes, place à l’évident consensus entre voisins, maquillé de faux rimmel démocratique, institutionnalisé sous le dénominateur commun à cause duquel pour notre plus grand malheur la nature humaine connait ses plus sombres faiblesses : l’argent.
Ce marché commun, véritable centre commercial ouvert à toutes les cupidités, devait favoriser la concurrence pure et parfaite : il a favorisé la constitution d’oligopoles et de monopoles. L’absence de frontières nécessaires à la libre circulation des marchandises et des personnes a permis le développement d’un dumping social et fiscal créant les conditions désastreuses d’une pauvreté s’accroissant au même rythme que se constituent les nouvelles fortunes.
Ce marché qu’il serait de bon ton de qualifié « d’intérêts privés » s’est aussi mué en une formidable lessiveuse des esprits et des valeurs. Partant de principes politiquement corrects et donc fallacieux, il s’est évertué à décliner une identité européenne pour mieux noyer les particularismes nationaux en les sacrifiant sur l’autel d’une pseudo égalité des cultures. Cette vieille Europe a bien changé. Les villes anciennes au charme certain, varié, riches de leur culture ont laissé place à des espaces aussi vides de sens qu’ils sont plein de biens à consommer, et ce en tout point de l’Europe.
Les marchands du Temple sont revenus et sont devenus Rois…
La manipulation des esprits résolument orientés vers la consommation (je consomme donc je suis) s’est imposée face à une spiritualité déclinante et en dépit d’un discours et de questionnements inchangés (d’où je viens, qui je suis, y a-t-il une vie après la mort ?), le matérialisme économique bat son plein, les idoles publicitaires au comportement souvent plus que moralement douteux instillent le vide de sens.
Malheureusement, des actes à la parole, un fossé s’est creusé. « En même temps » que la surconsommation devient le critère principal du niveau social occidental, une écologie punitive sur fond de catastrophisme généralisé planétaire vient mettre en contradiction ce capitalisme triomphant et devenu la seule doctrine économique possible depuis la chute du communisme : comment concilier consommation de masse et respect de la planète.
Le tableau de notre dégénérescence programmée serait complet à moins que nous omettions de mentionner les orientations législatives de ces cinquante dernières années et qui ont fortement remodelé les aspects sociétaux de notre vie. Sous prétexte là aussi de vouloir notre bien, la jouissance personnelle a été érigée en un dogme sacrosaint justifiant que l’on en arrive à bouleverser la nature même de l’Homme. La science peut tout, la science doit tout. Hors de contrôle, celle-ci s’est substitué à Dieu même, seul Créateur de toute chose.
De la Loi sur l’avortement à la dernière loi Bioéthique, en passant par la PMA, la GPA, les lois mortifères se sont succédées afin de mieux perdre ce fil de la Vie.
A ce stade du discours, la perte de repères est totale et vient expliquer le dénuement intellectuel et moral dans lequel la population est maintenu. Que reste t il alors à celle-ci pour s’élever et croire en des jours meilleurs ? Sur quel pilier fort peut-elle s’appuyer quand l’essentiel de nos institutions, la famille, l’entreprise, le travail mais aussi notre foi sont malmenés à ce point ?
Peu d’institutions peuvent se targuer de bénéficier d’une image aussi prégnante que l’armée.
Il n’en a pas toujours été ainsi au cours de l’histoire mais force est de reconnaître qu’en ces temps troublés et incertains, l’armée renvoie l’image d’une institution à l’écart de cette mêlée désordonnée, cet apparent chaos que véhicule le monde civil dans lequel l’absence de hiérarchie claire, de stratégie à long terme, de valeurs morales aussi caractérisent ce qu’il est convenu d’appeler aujourd’hui le délitement de la France.
Cette noble institution semble pourtant mal comprise, quand elle n’est pas connue du tout.
En effet, la fin de la conscription militaire consacrée par la loi no 97-1019 du 28 octobre 1997 a érigé un mur entre deux mondes jusque-là parfaitement perméables : le monde civil et le monde militaire. Le lien qui unissait la Nation a son Armée est ainsi devenu fantasmé ; selon la couleur politique, il évoque la répression et l’image même de l’ordre oppresseur ou bien il incarne la pureté morale et le dernier bastion synonyme de protection et de défense du citoyen.
Et pourtant, cette armée française, au passé glorieux mais au présent incertain, ne peut rien, seule. Aux ordres d’un pouvoir devenu illégitime, elle a oublié (volontairement ?) ce qui constituait son originalité et sa force : le soldat-citoyen. Un soldat au service du peuple et donc de la Nation.
Devenue Grande Muette, elle traverse désormais les régimes politiques silencieusement et sourde aux malheurs de ceux qu’elle prétend défendre. Rares sont les membres issus de cette institution se lever et contester le pouvoir en place. Ceux-là sont d’ailleurs ostracisés quand ils ne sont pas clairement menacés.
Alors quelle voie suivre ? Sans prise de conscience de la nécessité de la sauvegarde du Bien Commun et de tout ce qui nous unit en tant que Nation, point de salut. Sans prise de conscience par chacun d’entre nous de cette force qui nous unit et qui s’anime collectivement pour le bien de tous, tout ne restera qu’à l’état d’incantation stérile.
Nous devons reprendre en main notre destin et celle de nos enfants en tant que citoyen, c’est-à-dire en tant qu’individu titulaire de droits et devoirs civils et politiques concourant à l’exercice de la souveraineté nationale (comme au sens de l’article 3 de la Constitution).
Le retour du citoyen-soldat en sera la forme la plus aboutie, ce dernier incarnant la défense ultime et la protection de cette Nation chérie : « un peuple souverain au service de la Nation. »
Amitiés patriotes
P.MAGNERON
Président IDNF