Le peuple et son armée : un malentendu ?
La courte interview accordée hier soir sur BFM TV par notre président Jean-Pierre Fabre-Bernadac venait rappeler, si besoin était, combien la population française témoigne de sa confiance vis-à-vis de son armée. Et même s’il est un fait entendu que la signification des sondages soit souvent discutable, ne boudons pas notre plaisir à observer que 73 % de nos compatriotes sondés ont confiance dans leur armée.
Alors bien sûr, les analystes de plateau y sont allés de leur commentaire afin d’y trouver des explications à ce que l’hôte de ce soir, Monsieur Yves Calvi, appelait une incohérence entre cette volonté de démocratie exprimée par le peuple et ce besoin de protection qui les amènerait à opter (pourquoi pas ?) pour un régime dictatorial.
Ce raccourci est un peu court, voire quelque peu hardi. C’est surtout méconnaitre les raisons profondes de cette situation ; ce qu’il n’est guère étonnant de constater dans un media plutôt à la botte du pouvoir.
Car la première raison pour laquelle trois français sur quatre ont confiance dans leur armée réside, et cela a été rappelé par notre président, dans les valeurs morales qu’elle incarne : sens de l’honneur, respect des institutions, garant de la Loi, loyauté, discipline… Face au consumérisme débridé, à l’individualisme exacerbé, l’absence évident de repères dans un monde civil où tout semble progressivement s’effondrer, l’armée dispose d’une image de valeur refuge. Comme l’or.
La seconde raison tient à sa fonction de protection qui, dans un espace de temps et de lieu fortement empreint de mondialisation, d’absences de frontières, de jungle sociale, économique rassure la population. C’est vraisemblablement sur ce point que la lettre des généraux avait touché le plus la population au moment de sa parution il y a maintenant 3 ans. En signe d’avertissement, elle prenait en défaut les politiques en les mettant devant leurs responsabilités mais aussi devant celle des militaires qui pourraient être amenés, si rien n’était entrepris pour a sauvegarde du pays, à prendre les leurs en descendant dans la rue.
Cette lettre est donc née d’un énorme malentendu. Chez les politiques croyant à un putsch imminent. Dans la population croyant que les militaires reprendraient rapidement le pouvoir.
Il est un point sur lequel nous pouvons nous accorder : l’image fantasmée de l’armée.
Depuis la fin de la conscription militaire en 1997, la très grande majorité de nos compatriotes n’a eu aucun contact avec l’armée alors qu’il fut un temps où le service militaire imposé à toutes les classes d’âge entretenait ce lien indispensable entre cette noble institution et son peuple.
De nos jours, l’image renvoyée par l’armée est avant tout une image d’Epinal, intemporelle. Or, celle-ci est assez éloignée de la dure réalité contemporaine. Magnifiée dans les esprits, notre armée subit les mêmes outrages de décisions politiques court-termistes, visant davantage à la gérer comme une vulgaire administration, dans un état de délabrement assez avancé (voir article sur le service de santé), sacrifiée sur l’autel économique, attirant relativement peu de vocations (et n’arrivant pas à les retenir) tant les faibles moyens dont elle dispose ne sont pas à la hauteur des enjeux internationaux. Tant la réponse apportée est très éloignée de la volonté d’engagement dont font preuve les jeunes recrues, déçues de ne pas y avoir trouvé leur place.
Bien que sa vocation opérationnelle ne soit plus à démontrer (notamment sur des opérations extérieures), l’armée française souffre, mais c’est là le lot de toute armée en temps de paix, d’une « mexicanisation » de ces cadres cherchant à grimper dans la hiérarchie (ce qui est bien compréhensible) mais au détriment d’un esprit critique que l’on trouve trop rarement chez les hauts gradés devenus au fil du temps des politiques.
Cela renforce cet aspect de « grande muette » et cette incompréhension avec les civils se demandant dans quelle mesure cette institution est capable d’exprimer un avis propre (et non celui édicté par le pouvoir politique).
Alors oui, 73 % des français ont confiance dans leur armée. Mais au fond, à la lumière de ce qui vient d’être énoncé, pourquoi faire ?
73 % des français ont confiance dans leur armée pour les protéger. Mais notre armée a-t-elle les moyens de cette ambition ? Depuis la crise ukrainienne, nous pouvons clairement en douter. Sans évoquer ce conflit de haute intensité, avec des effectifs en baisse, des matériels certes hautement technologiques mais en nombre insuffisants, serait elle ainsi capable de tenir nos banlieues ?
73% des français ont confiance dans leur armée. Ca flatte, ça nous rappelle cette communion du peuple et de son armée au début de l’épopée napoléonienne, les victoires magnifiques, la gloire des armes, etc… Mais cela suffit il ?
Ne nous faudrait il pas plutôt un chef, un leader qui défende nos intérêts ? En lorgnant à l’Est, du côté russe, nos compatriotes n’expriment ils pas ce dépit de se retrouver orphelin d’un chef qui les guide, qui ait une vision pour notre beau pays ?
Amitiés patriotes
P.MAGNERON
Excellente analyse Monsieur Magneron.
si on commençait déjà par les ennemis intérieurs???
oui, tout à fait, mais ce chef espéré n’existe encore nulle part, ni chez les politiques bien sûr et ce n’est pas deux jeunes loups qui changent la donne, ni chez les militaires tous le petit doigt sur la couture du pantalon. Alors que faire si ce n’est le dos rond et prier Sainte Rita, en attendant le sauveur qui viendra bien un jour.
Aide toi et le ciel t’ aidera.
En effet, ne pas croire aux promesses des autres, on en sort terriblement blessés.
Domipa, en effet, à écouter souvent le président Fabre-Bernadac nous espérons, de mois en mois, l’arrivée de l’Homme providentiel (de la Femme, mais chacun à sa place !). Un militaire serait le bienvenu – j’entends déjà les cris – mais il faut un Général, pas moins, et les généraux, tenant plus à leurs étoiles qu’au devenir de la Patrie, se terrent, à de très rares exceptions. Alors, les blablas, le miroir aux alouettes, l’honneur (que Fabre-Bernadac a osé prononcé, oui osé comme il pourrait prononcer Courage et Valeurs) nous ne pouvons pas y croire. Tournons la page , cherchons encore, espérons mais pas du côté des anciens militaires, ils vivent dans le passé et parfois dans un passé bien fâlot !
“73% des Français ont confiance en leur armée pour les
protéger”, Monsieur. Peut-être.
Toutefois nous avons bien compris que l’armée est loyale,
et donc continuera à obéir au “chef des armées” Macron
qui, délibérément, trahit la France, important, comme ses
prédécesseurs, des flopées de populations hostiles qui
s’empressent d’agresser les Français qui les reçoivent.
Le malentendu dont vous parlez réside là, sans doute:
même si l’armée veut protéger les Français, ce n’est pas
la mission qui lui est confiée. (cf les blindés tournés vers
les agriculteurs à Rungis, récemment).
Et les moyens qui lui sont alloués pour des “opex” sont
le plus souvent très insuffisants.
Il nous faut donc nous défaire d’une illusion .
J’ai bien lu tous les commentaires et vous êtes certainement plus compétent que moi.
Ma question est la suivante:
Comment ce fait-il que nous ne voyons plus et n’entendons plus le général Pierre de Villiers ?
Merci pour une éventuelle réponse.
Cordialement.
Un général parmi les autres ! Pierre a servi le pouvoir en place.
Philippe a laissé passer le train, nous étions nombreux à l’attendre.