Macron et le jeu de la mort
L’Ukraine serait-elle le loto du Président de la République ? Au grattage pour les élections présidentielles, il revêt avec succès les habits de Sage puis de Commandant en chef de la Nation ; au tirage il endosse, aujourd’hui, les habits de Chef de guerre pour renforcer la dramaturgie.
D’où l’idée d’une intervention pour clarifier sa pensée et donner un cap dont, au final, la conclusion est pour beaucoup « Qu’est – ce qu’il a dit » ….
En bref, s’agit-il de politique étrangère ou/et calcul politique dans la perspective des élections européennes ? Probablement un peu des deux à l’instar de son Premier Ministre.
Ce dernier à l’occasion de son intervention à l’Assemble Nationale sur « l’Accord de Coopération en matière de sécurité entre la France et l’Ukraine », par un procès exclusivement à charge de la responsabilité russe, manifeste au mieux une défaillance intellectuelle et morale, au pire un raisonnement manichéen avec d’un côté le camp du bien pro Macron de l’autre le camp du mal pro Poutine. Cette caricature est pitoyable. Elle alimente le risque « d’une crise internationale majeure au profit d’intérêts électoraux de court terme » comme alerte Marine de Le Pen.
Or, l’Histoire est plus complexe.
Si l’invasion russe est une faute, les causes sont à voir, aussi, dans la prise de conscience américaine du profit à tirer de sa valeur stratégique depuis son indépendance.
Pour exemples :
Les provocations de l’OTAN à taquiner les frontières russes, l’ingérence américaine tant dans le financement avéré de mouvements subversifs notamment à l’occasion de l’Euromaidan que par son soutien militaire provoquant en retour l’annexion de la Crimée et du Donbass.
Les objections persistantes de l’Union européenne à son adhésion pour des motifs plus ou moins fallacieux entre 2010 et 2014 interrogent sur la clairvoyance de notre diplomatie européenne.
Les Accords de Minsk reconnus, aujourd’hui, comme une « ruse de guerre pour donner à l’Ukraine le temps de s’armer témoignent d’une certaine duplicité.
Le refus constant de l’Union européenne a favorisé fin 2019 une solution fédérale vu sa disparité géographique et sociologique, par les belligérants d’aujourd’hui, participe de ce même aveuglement à voir la réalité en face.
Si le 9 juin doit prendre date c’est sur le « Chemin de la Paix » pour mettre «fin à ce hachoir à viande» et reconnaitre nos égarements des accords de paix d’Ankara sabordés par les anglais au début du conflit à l’hypothétique envoi de troupes au sol.
E. Macron, à la tête d’un Etat à la souveraineté évanescente devrait se rappeler ce mot de Talleyrand « Qui n’a pas les moyens de ses ambitions a tous les soucis ».
Persévérer serait un désastre pour l’Ukraine, un drame pour l’Europe.
Eric FOUACE
Partagé Emilio Pagura Revue de Presse et d’opinions