Constance et cohérence, des vertus cardinales oubliées

« Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis… » La prochaine compétition électorale européenne qui s’approche à grand pas, sur fond d’indifférence quasi générale, vérifiera t-elle une fois de plus cette assertion ? Les bonimenteurs, camelots et prometteurs en tout genre iront-ils jusqu’à renier les promesses lancées à la populace lors des élections précédentes et ainsi mieux corriger le tir et augmenter leur capital de voix à défaut d’augmenter celui de la sympathie ?

Après tout, les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent… Néanmoins, et c’est une mauvaise habitude dans le monde merveilleusement suranné de la politique politicienne, celles-ci font florès. Les électeurs, de moins en moins nombreux à se déplacer aux urnes, présentent cette caractéristique providentielle pour nos représentants de commerce et autres démarcheurs spécieux : la perte momentanée et fort à propos de la mémoire.

Il est ainsi possible de dire tout et son contraire sans que cela ne gêne la sensibilité bien anesthésiée de nos contemporains, bien incapables de démêler le vrai du faux, les incohérences pourtant nombreuses, les changements de cap plus ou moins habiles décrétés au doigt mouillé par des individus sans scrupule, obsédés par cette quête d’un pouvoir pourtant éphémère dans lequel leur âme plonge irrémédiablement sans jamais en sortir très propre…

« Etre dans le vent est l’ambition d’une feuille morte » disait Chirac pourtant bien rompu à cet exercice du mensonge érigé en doctrine personnelle, Supermenteur étant à l’inconstance politique ce que Macron est à la duplicité. J’ai bien peur qu’un avis de tempête soit annoncé le 9 juin prochain, les candidats en lice présentant peu ou prou cette légèreté intellectuelle, cette fragilité éthérée dans la conviction que l’on ne retrouve plus que dans les baudruches.

Oui, il est rare de trouver constance et cohérence dans les opinions de ceux qui nous dirigent, ceux là même qui, aujourd’hui, révèlent au monde leur impuissance à donner une vision à la France, un projet au peuple, un avenir à long terme, trop occupés à conserver leur petit pouvoir instantané.

Un coup, je sors de l’Europe, un autre je reste. Un coup je dénonce la dérive islamiste, un autre j’en fais ma meilleure alliée. Mais il y a mieux. Devant l’apathie générale, je peux dire une chose et faire le contraire. Dénoncer en France les mesures environnementales touchant les agriculteurs et pourtant voter à Strasbourg leur application. C’est presque du « en même temps » macronien.

Tout cela nous renvoie au fond à la force de la conviction, autrefois puisée à la source des grands dogmes politiques, aujourd’hui perdue oubliée par des petits individus en mal de notoriété, cravatés, costarisés, tenant par la poignée cette petite malette remplie de professions de foi, (quelle gageure !) qui ne porte que le nom…

Sommes nous alors condamnés une fois de plus à ne choisir qu’entre la peste et le choléra ou, et c’est le plus gros contingent, à éviter le déplacement aux urnes et retourner à d’autres occupations dominicales ? A moins qu’un candidat sincère, constant dans ses positions politiques, cohérent dans son discours (l’oiseau rare !) ne fasse son apparition et emporte l’adhésion d’un peuple en quête de renouveau et d’une vision ?

Amitiés patriotes

P.MAGNERON