Débat sur la guerre en Ukraine

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Un an après le début du conflit opposant la Russie à l’Ukraine, Place d’Armes IDF revient sur cette tragique situation.

Un an après le début du conflit opposant la Russie à l’Ukraine, Place d’Armes IDF revient sur cette tragique situation.

Si beaucoup de spécialistes de plateaux TV ont commenté cette actualité, de nombreux adhérents estiment que tous les points de vue n’ont pas été abordés de façon équitable, tout du moins médiatiquement parlant.

Ainsi, les media mainstream se sont effectivement davantage faits l’écho de la position ukrainienne et moins de celle de la Russie. Il nous apparaissait donc intéressant de confronter les différents argumentations en mettant en exergue les différents protagonistes liés à tragédie : la Russie, l’Ukraine, les Etats-Unis, l’Europe, l’Otan. Et bien évidemment la France.

Pour cela, nous avons fait appel à deux généraux qui nous fait l’honneur de confronter par video interposées leurs avis sur la situation.

Dans un premier temps, le Général COUSTOU a bien voulu ouvrir le débat en expliquant en quoi l’agression russe revêt une forme de légitimité.

Dans un second temps, nous diffuserons l’intervention du Général Dubois dont la position est aujourd’hui proche de celle de l’OTAN.

Cette confrontation d’idées éclairera le débat et quelque puisse être leur opposition en la matière, soyez convaincu de leur honnêteté morale et de leur amour pour notre patrie.

N’hésitez pas à nous faire part de vos commentaires (mesurés bien évidemment).

Amitiés patriotiques

2 commentaires sur “Débat sur la guerre en Ukraine

  1. Bonjour,

    Je me réjouis que Place d’Armes ait décidé de participer au débat sur l’Ukraine et donne la parole aux deux parties.

    Au début du conflit, quand j’avais voulu répondre au général Dubois, un atlantiste convaincu, mon article avait été refusé. J’avais déploré cette forme de censure. Ce à quoi il m’avait été répondu que je confondais censure et ligne éditoriale. Mais passons. Un site comme Place d’Armes ne pouvait rester absent du débat sur cette guerre de haute intensité qui frappe en Europe.

    Je viens d’écouter le général Coustou. Si je partage l’essentiel de ses propos, ma position est plus nettement prorusse, car j’estime que la guerre que mène Poutine est parfaitement légitime et que les Etats-Unis sont les principaux responsables de cette tragédie, qui était largement évitable si on avait écouté les inquiétudes du Kremlin, soucieux d’obtenir des garanties pour la sécurité de la Russie et celle de l’Europe. J’ai une vision gaullienne de l’Europe et jamais le Général n’aurait accepté d’engager la France dans cette sinistre aventure ukrainienne. Pierre de Gaulle assume d’ailleurs à merveille les positions prorusses de son grand-père.

    Quant au général Dubois, j’ai déjà eu l’occasion de contester ses positions. Je le classe parmi les atlantistes intégristes. Certains trouveront le mot un peu fort, mais il a lui même jugé que mon discours radicalement prorusse me faisait presque passer pour un agent de Moscou ! Donc, sans rancune.

    Ce que je déplore depuis le début du conflit, c’est l’odieuse propagande pro-ukrainienne, faisant de Poutine l’agresseur, sans la moindre analyse des causes profondes qui ont poussé le maitre du Kremlin à lancer son offensive le 24 février 2022. Tous les intervenants dans la presse écrite ou sur les plateaux TV sont des otaniens, les prorusses étant bannis des médias.

    Ceux qui diabolisent Poutine, oublient sciemment que les causes de cette guerre remontent à 1990 et non pas au mois de février 2022.

    En 1990 Gorbatchev a accepté le principe de la réunification allemande, sous réserve que l’Otan ne s’élargisse pas vers l’Est. En 1991 le pacte de Varsovie fut dissous. La paix était de retour. Ce à quoi les Américains ont répondu en trahissant leur parole et en pratiquant un élargissement sans fin de l’Alliance, encerclant littéralement la Fédération de Russie.

    Entre 1990 et 2023, l’Alliance est ainsi passée de 16 membres à 31 et bientôt 32.

    Les Américains n’ont jamais accepté la fin de la guerre froide, craignant par dessus tout la naissance d’une vaste Europe de l’Atlantique à l’Oural, si chère au général de Gaulle, qui jugeait l’URSS comme une entité contre nature ayant vocation à disparaitre. Washington a tout fait pour empêcher tout rapprochement de Moscou avec l’UE.

    Face à cette extension de l’Otan aux portes de la Russie, Poutine s’est donc retrouvé exactement dans la même position que Kennedy face aux fusées de Khrouchtchev à Cuba en 1962. Rappelons que cinq pays d’Europe stockent des armes nucléaires américaines sur leur sol, alors que le Pacte de Varsovie est dissous depuis 1991.

    Aux multiples demandes de garanties de sécurité formulées par Moscou, Washington a répondu par le mépris, y compris fin 2021. Que dirait Washington si Poutine stockait ses armes nucléaires au Mexique et en Amérique centrale ? L’arrogance des Etats-Unis ayant gagné la guerre froide n’a pris fin qu’après que Poutine a reconstruit son armée. En 2023, Biden se garde bien d’envoyer ses légions sur le terrain, préférant sacrifier le peuple ukrainien par centaines de milliers. L’Amérique n’a plus la supériorité technologique des armes et son énième échec d’essai hypersonique en est la preuve.

    De plus, en 2014, la CIA a fomenté un coup d’Etat pour renverser le gouvernement prorusse en place à Kiev, afin de le remplacer par un gouvernement pro-américain. Depuis cette date l’Amérique arme et forme l’armée ukrainienne pour combattre les régions séparatistes du Donbass.

    Les mêmes qui aujourd’hui se lamentent sur le sort de l’Ukraine, ont fermé les yeux sur la guerre menée par Kiev contre les populations russophones du Donbass, laquelle a fait 15 000 victimes et donné lieu à des crimes de guerre largement occultés par le camp du Bien. Ces crimes de guerre ont pourtant été dénoncés par Amnesty International, par Human Right Watch, par l’ONU et la Croix Rouge. Mais en vain.

    Les accords de Minsk signés en 2015 par Kiev, Paris et Berlin, visant à accorder l’autonomie aux républiques du Donbass, n’ont jamais été appliqués. Merkel et Hollande ont reconnu que c’était un leurre destiné à tromper les Russes et à gagner du temps pour former l’armée ukrainienne. Une vraie trahison des Occidentaux.

    Par conséquent, l’offensive russe est parfaitement légitime puisque les républiques du Donbass ont demandé la protection de Moscou face à l’agression ukrainienne qui dure depuis 2014.

    Dans cette tragédie, la France a une lourde part de responsabilité.

    Outre le fait qu’elle a saboté sciemment les accords de Minsk, dont l’application aurait évité la guerre, Macron a pratiqué un double jeu avec Poutine, qui a mis notre pays hors jeu.

    En parlant de paix avec Poutine tout en livrant des canons Caesar qui tuent des soldats russes, Macron s’est discrédité auprès du tsar qui ne lui parle plus et refuse que la France organise des négociations de paix. Macron est disqualifié à juste titre. Le “en même temps” a ses limites.

    Et que dire de Bruno Le Maire, l’homme qui nous a mis 600 milliards de dettes supplémentaires sur le dos et qui prétendait détruire l’économie russe ?

    Ce monsieur ne sait sans doute pas que la Russie possède 20% des ressources minières de la planète, que ce pays n’a pas de dettes, qu’il possède une industrie représentant 30% du PIB et une agriculture exportatrice. En comparaison, la France totalement ruinée, est en voie de sous-développement et roule vers l’abîme.

    On apprend ce jour que les ventes de pétrole russe sont au plus haut depuis trois ans.

    Rappelons que l’Ukraine n’est ni dans l’Otan ni dans l’UE et que rien ne justifie notre engagement auprès de Kiev.

    Nous avions des intérêts en Russie, mais aucun en Ukraine. Nous avons tout perdu en jouant les valets de Washington. Cette guerre engendre l’inflation et l’explosion des coûts de l’énergie qui vont nous détruire. Et pour quelle juste cause ? Aucune, si ce n’est aider l’Amérique à disloquer la Fédération de Russie qui ne nous a jamais agressés.

    Nous soutenons un pays mafieux et corrompu qui revend les armes de l’Otan sur le darknet et détourne les milliards d’aide américaine. C’est donc cela le camp du Bien ? Cette guerre n’est pas la nôtre.

    Selon la CIA, le valeureux Zelensky et ses généraux ont détourné 400 millions de dollars l’an dernier.

    https://reseauinternational.net/hersh-la-cia-sait-que-zelensky-et-des-generaux-de-haut-rang-detournent-des-centaines-de-millions-deuros-daide-americaine/

    On peut estimer les pertes ukrainiennes à 400 000 soldats tués, blessés, disparus ou prisonniers. Beaucoup plus que du côté russe puisque dans cette guerre d’artillerie et de drones, le rapport des forces est de 1 à 8 en faveur des Russes.

    Par conséquent, Kiev ne gagnera jamais cette guerre malgré les mensonges propagés sur les ondes.

    Qui peut croire que Poutine va renoncer à la Crimée et au Donbass alors qu’il possède des armes hypersoniques imparables, capables de détruire n’importe quel objectif sans besoin d’armes nucléaires ?

    Avec leurs armes de dernière génération, les Russes ont 10 ans d’avance sur l’Otan et même davantage.

    Non seulement Poutine va gagner cette guerre, mais c’est un nouvel ordre mondial multipolaire qui va se mettre en place. C’est la fin de l’impérialisme américain et de l’hégémonie du dollar qui se profilent.

    Les expéditions coloniales en Irak en inventant des armes de destruction massive, le bombardement de la Serbie en prétextant un génocide des Albanais du Kosovo, l’invasion de l’Afghanistan au nom de la guerre contre le terrorisme, tout cela va prendre fin. Le droit international ne se résumera plus au droit des Etats-Unis, qui ne connaissent que la loi du plus fort.

    De nombreux pays souhaitent rejoindre les BRICS et l’OCS, signe évident de la fascination que la Russie et la Chine exercent sur le monde non-occidental, lassé de l’impérialisme américain.

    En réintégrant le commandement intégré de l’Otan, la France a fait une énorme erreur.

    Washington est prêt à toutes les turpitudes pour conserver son leadership et fera tout pour entrainer ses alliés dans ses guerres tous azimuts, notamment an Asie où le dossier taïwanais devient brûlant.

    Ce qui se joue en Ukraine c’est un combat de civilisation entre l’Occident décadent et la Russie conservatrice qui refuse les délires LGBT, le wokisme, le multiculturalisme et la destruction de la cellule familiale traditionnelle.

    L’Occident en plein effondrement moral n’est plus un modèle pour la Russie, qui entend conserver sa culture et ses valeurs ancestrales. On ne verra pas de sitôt des généraux russes en jupe et talons hauts.

    Alors que cette guerre ne nous concerne en rien, Macron a fait le choix criminel de livrer des armes à Kiev, faisant de la France un cobelligérant incontestable puisque nos armes tuent des soldats russes qui n’ont jamais agressé notre pays. C’est un crime impardonnable. Et cet engagement ignoble contre un pays ami s’est fait sans l’aval du peuple ou du Parlement.

    La France des Trente Glorieuses, riche, souveraine et admirée, qui rayonnait dans tous les domaines, avec le cinquième niveau de vie au monde derrière les Etats-Unis, la Suède, le Luxembourg et la Suisse, n’est plus que l’ombre d’elle même. Elle n’est plus que la 7e économie mondiale et son niveau de vie a subi un déclassement catastrophique, perdant 20 places en 40 ans.

    En prenant parti pour l’Ukraine, Macron a placé la France dans le camp des perdants.

    Rien n’empêchera la victoire de Poutine et le dépeçage de l’Ukraine. Il faudra bien alors expliquer au peuple ukrainien pourquoi Zelensky et les Occidentaux lui ont menti, lui promettant une victoire impossible.

    Des centaines de milliers d’Ukrainiens seront morts pour avoir cru que la Crimée reviendrait dans le giron de Kiev, une fable de plus véhiculée par Washington et les faucons du Pentagone, aveuglés par leur haine de la Russie.

    Mais le pire, est que Macron a pu mener sa politique belliqueuse et suicidaire sans la moindre opposition.

    Des centaines de milliers de victimes seront mortes en pure perte, l’Europe aura subi un choc économique dévastateur, sans qu’on ait entendu la moindre voix pour la paix.

    C’est dire combien le lavage de cerveau otanien a parfaitement fonctionné.

    Le général de Gaulle, grand admirateur de la Russie, doit se retourner dans sa tombe.

    LCL Guillemain Jacques

    1. Edito magistral, suivi d’un commentaire de Monsieur Guillemain qui l’est tout autant. Merci a eux. Je faisais aujourd’hui un peu de tri dans mes dossiers d’information et j’ai retrouvé un conte publié en mars 2022 que j’avais fort apprécié. Apres relecture ce jour, je ne résiste pas au plaisir de le partager avec vous, au cas où vous ne l’auriez pas déjà lu à l’époque, car il n’a pas perdu une once de sa pertinence dans notre actualité brûlante. Un chaleureux merci a Antonin Campana pour ses talents de conteur qu’il a partagés avec nous, internautes, presque a la même époque l’année dernière sur ce site : http://www.autochtonisme.com/2022/03/la-troisieme-guerre-mondiale-expliquee-a-ma-petite-fille.html

      La troisième guerre mondiale expliquée à ma petite-fille. Par Antonin Campana – 21 mars 2022
      Il était une fois dans un pays merveilleux, un petit village où vivaient une brute, trois gérants de station-service, un petit Russe, un gros Chinois et environ deux cents autres personnes (dont un Français, un Allemand et un Anglais…).

      Un jour la brute vint voir les trois gérants de station-service :
      – Vous êtes rackettés, leur dit-il ;
      – Pas le moins du monde, répondirent les trois gérants de station-service ;
      – Si ! Vous l’êtes, rétorqua la brute en montrant ses muscles, et je vais vous protéger.

      Il faut savoir que la brute était le plus fort du village et qu’il était le seul d’entre tous les habitants à posséder une photocopieuse. Dans ses tiroirs, il avait aussi un vieux billet de Monopoly qu’il gardait précieusement. C’était un souvenir de son enfance, lorsque son père, qui était Anglais, lui apprenait comment tricher.
      Bref, les trois gérants de station-service furent donc forcés d’accepter la « protection » de la brute. En contrepartie de ce « service », les trois gérants s’engageaient, bien malgré eux, à refuser l’or ou l’argent et à ne se faire payer qu’en photocopies de billets de Monopoly. Ainsi en fût-il décidé…

      – Nous n’avons pas de billets de Monopoly, comment nous en procurer ? demandèrent les habitants du village aux trois gérants de station-service.
      – Allez voir la brute, il peut en fabriquer autant qu’il veut, répondirent-ils.
      Les habitants, qui ne pouvaient se passer d’essence, allèrent de ce pas chez la brute :
      – Il vous suffit de me faire des cadeaux, leur dit la brute. En échange, je vous donnerai des billets de Monopoly et vous pourrez ainsi acheter toute l’essence dont vous avez besoin.

      Ainsi fut fait. Le gros Chinois fit cadeau de télévisions, de vêtements et d’objets de toutes sortes. Le petit Russe fit cadeau de gaz et d’aluminium. Le Français offrit son vin et des parfums. Tous les gens du village apportèrent ainsi quelque chose à la brute. En échange, la brute leur remettait des billets de Monopoly fraîchement sortis de sa photocopieuse. Puis les habitants se servaient de ces billets pour acheter l’essence qui était nécessaire à la fabrication des cadeaux qu’ils offraient à la brute. La brute, elle, ne faisait rien : elle était le chef du village et fabriquait des billets de Monopoly.

      Un jour, un gérant de station-service dit qu’il n’accepterait plus les billets de Monopoly. La brute envoya ses hommes de main qui saccagèrent sa maison et firent à sa famille des choses que les oreilles d’une petit fille ne peuvent entendre. Enfin bref, tout rentra dans l’ordre et les événements suivirent leur cours normal pendant encore quelques années.

      Cependant, la brute, qui par ses hommes de main était de plus en plus forte, faisait régner la terreur et se conduisait comme un tyran, voulant imposer à tous les habitants du village sa manière de voir, ses habitudes de vie et sa manière de gérer la maisonnée. La brute disait à qui voulait l’entendre qu’elle était exceptionnelle, que son destin était manifestement de dominer tous les habitants du village et que lorsqu’elle distribuait des coups c’était pour le bien de celui qui les recevait. Aussi, certains commençaient à murmurer, alors que d’autres, comme le Français, l’Allemand ou l’Anglais, trouvaient que les prétentions de la brute étaient finalement assez légitimes.

      Un jour le petit Russe dit qu’il était maître en son domaine et qu’il n’était pas question que la brute y impose sa loi. Le gros Chinois trouva que le petit Russe n’avait pas complètement tort. Cela déplut à la brute qui imposa des « sanctions » au petit Russe et au gros Chinois. La brute n’accepta plus certains de leurs cadeaux et leur fit des tracasseries sans nom. Par exemple, il logea ses hommes de main chez tous les voisins du petit Russe et du gros Chinois. Par les fenêtres, les hommes de main multipliaient les gestes hostiles et les propos menaçants à l’égard du petit Russe et du gros Chinois.

      Dans le village, les gens réprouvaient de plus en plus ces agissements. La population commençait à se diviser en deux camps. Il y avait le camp de la brute, qui vivait essentiellement de la fabrication de billets de Monopoly, et il y avait le camp des autres, qui vivaient de leur travail. La brute appelait son camp « communauté internationale ».

      Parmi les habitants qui étaient soumis à la loi de la brute, il y avait un Ukrainien famélique qui justement était un voisin du petit Russe. Moyennant une maigre pitance, l’Ukrainien famélique, qui hébergeait en secret un homme de main de la brute, faisait tout ce que la brute lui demandait, multipliant les provocations à l’égard du petit Russe, et s’en prenant même à Donbass, qui était l’un des enfants chéris de ce dernier.

      Les tensions dans le village augmentaient. La brute repoussait avec arrogance les tentatives de conciliations du petit Russe. Bref, ce qui devait arriver arriva : un jour le petit Russe, qui pratiquait le judo, entra chez l’Ukrainien famélique et le terrassa d’un uchi-mata rondement mené. L’homme de main de la brute, quant à lui, retourna chez son maître le nez en sang.

      Les habitants du village, ceux qui ne faisaient pas partie de la « communauté internationale », étaient médusés par le courage du petit Russe. Qu’allait faire la brute maintenant ? Le Français, l’Allemand et l’Anglais, lâchement abrités derrière la brute, voulaient que le petit Russe soit corrigé.

      Après cela, la vie du village fut complètement bouleversée. Un habitant avait osé tenir tête à la brute, ce qui redonnait de l’espoir à la plupart des gens. C’était donc possible ! On commençait à s’interroger ouvertement : la brute avait peur, était-elle aussi forte qu’elle le disait ?

      Le petit Russe, qui ne pouvait plus échanger son gaz et son aluminium contre des billets de Monopoly (la brute refusait maintenant tous ses cadeaux) s’est alors tourné vers son voisin, le gros Chinois. Il lui a dit :
      – Et si nous faisions nos propres billets de Monopoly ?

      Le gros Chinois a trouvé que l’idée était bonne. Un des trois gérants de station-service a déclaré qu’il accepterait les billets de Monopoly du petit Russe et du gros Chinois. Un autre habitant, un Iranien je crois, a dit que lui aussi les accepterait. D’autres encore, un Vénézuélien, un Biélorusse, un Kazakh, un Kirghize et même peut-être un Indien et un Brésilien ont fait part de leur plus vif intérêt.

      La brute, qui n’était pas totalement idiote, a pressenti que tout son système de photocopies était sur le point de s’effondrer. Si le petit Russe et le gros Chinois menaient leur projet à terme, le village ne lui apporterait plus de cadeaux ! Elle, la brute, qui est exceptionnelle comme on le sait, devrait alors travailler si elle voulait manger. Elle, la brute, dont la destinée était manifeste, deviendrait alors un habitant comme les autres. L’impensable se produirait : elle perdrait son statut particulier pour devenir quelqu’un de « normal » !

      La brute voyait bien que la moitié des habitants du village était déjà prête à suivre le petit Russe et le gros Chinois. Un nouvel ordre se dessinait, dans lequel la domination de tous par un seul n’aurait plus sa place. Or, que peut faire une brute épaisse qui croit disposer de la force et du droit à dominer les autres, si ce n’est utiliser cette force pour faire valoir ce droit ? De fait, la brute se persuadait qu’elle devait agir, que son existence en tant que brute en dépendait. De plus, elle se disait qu’elle n’avait jamais perdu une bataille et qu’il n’y avait pas lieu de douter de l’issue de celle-ci.

      Depuis longtemps, la brute avait prévu de faire irruption chez le petit Russe et le gros Chinois et de leur faire subir ce qu’elle avait fait impunément subir au gérant de station-service récalcitrant. La brute attendait simplement le bon moment et il lui semblait maintenant que ce moment était venu.

      Ce moment est celui que nous vivons :
      La brute vient de sortir de chez elle. Elle marche en direction de la maison du petit Russe. Tous les habitants retiennent leur souffle. Regarde, le petit Russe se tient sur le pas de sa porte, prêt à en découdre s’il le faut. Vois : il n’a pas peur ! Le gros Chinois, quant à lui, ne se fait pas d’illusions, car il sait que son tour viendra après celui du petit Russe. Il se prépare lui-aussi.

      Que va-t-il se passer à partir de maintenant ?
      A cette question, ma petite fille, je ne peux répondre pour l’instant. La brute comprendra-t-elle avant d’arriver chez le petit Russe qu’elle doit enfin se comporter comme un habitant normal ? Je crains bien que non. Préférera-t-elle détruire le village plutôt que d’abandonner son statut et l’idée délirante qu’elle a d’elle-même ? Je crains bien que oui.

      La suite de l’histoire est en train de s’écrire…
      Si Dieu le veut, un jour je te raconterai la fin.

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