DECES DE JACQUES DELORS

Depuis l’annonce du décès de Jacques Delors le 27 décembre dernier, les témoignages de personnalités du monde politique et des medias se succèdent, élogieux souvent, dithyrambiques parfois, sur l’héritage laissé par l’ancien président de la Commission Européenne de 1985 à 1994.

Si cette pratique n’a rien d’anormale, arrêtons nous quelques instants sur le parcours hors norme d’un homme tour à tour, maire, député européen, ministre de l’économie et des finances et enfin président de la Commission Européenne. Un homme qui aura durablement marqué la scène politique française et internationale.

Curieusement, son ascension politique correspond peu ou prou au déclin de la France. Il faut dire que ses prises de position et les mesures alors prises notamment en tant que ministre de l’économie de François Mitterrand ont de quoi surprendre. Après tout, n’est il pas socialiste, d’un socialisme marqué théoriquement d’une forte empreinte sociale (ancien syndicaliste CFTC). Enfin ça c’est pour les bonnes gens qui ont eu le tort de croire ce portrait.

Il supprimera l’échelle mobile des salaires en 1982, vantera le modèle ultra libéral de Ronald Reagan et amorcera le déclin de l’industrie française face à notre voisin allemand en raison notamment d’une politique monétaire d’un franc fort, pénalisant notre industrie au bénéfice de qui vous savez. Nous sommes bien avant l’euro et pourtant les conséquences sont identiques…

Fort de ses succès (tout du moins pour l’Allemagne), notre homme sera récompensé afin de parachever son oeuvre de construction européenne mais surtout de destruction des nations en devenant pendant 10 ans président de la Commission Européenne.

Là aussi, la fibre sociale dont il aurait normalement du faire preuve est certainement restée au vestiaire.

Jugez plutôt. Véritable promoteur de la suppression des frontières au sens le plus large possible : fin des frontières commerciales, fiscales, mais aussi financières en jouant un rôle déterminant dans la dérégulation des marchés financiers, comprenez par là financiarisation des économies… Demandez aux Grecs ce qu’ils en pensent…

Inféodé à la Table Ronde des Industriels Européens, lobby par excellence, il a poussé la libéralisation des capitaux et des marchés bien plus loin que le prévoyait le Marché Commun avec toutes les conséquences que nous connaissons aujourd’hui : jamais l’Europe n’a paru aussi inégalitaire.

Quelques citations pour mieux cerner cet illustre personnage :

« C’est en partageant nos souverainetés nationales que nous pouvons mieux défendre nos intérêts communs. » Curieux partage…Nous y voyons plutôt une dilution et destruction des souverainetés nationales.

“La société de consommation a privilégié l’avoir au détriment de l’être.” Peut-être qu’en contrôlant mieux les marchés… Mais ce n’est pas la voie qu’il a retenue.

“Les conséquences de la mondialisation seraient beaucoup plus lourdes en l’absence de construction européenne.” Le retour aux souverainetés nationales éviterait certainement cette jungle libérale qu’il a favorisée.

Une petite dernière : « L’euro nous apportera la paix, la prospérité, la compétitivité et, rien que pour la France, il se traduira par la création d’un million d’emplois » On sait maintenant ce qu’il advint d’écouter les bonimenteurs…

Chacun se fera une opinion mais reconnaissons que ce bâtisseur d’une Europe fédérale, soumis aux lois de marché et donc des lobbys a joué contre son propre camp et d’une façon générale contre les nations.

Et pour quel succès ? La paix ? La prospérité économique ? je vous laisse juge.

Le portrait idyllique d’un homme ayant oeuvré toute sa vie pour la déconstruction de son propre pays est avant tout celui d’un homme qui s’est trompé sciemment en jouant le jeu d’autres puissances.

Paix à son âme.

Amitiés patriotes

P.MAGNERON