REVOLTé !

Quelles mesures annoncées par l’Ange Gabriel seraient de nature à satisfaire les agriculteurs ? Quels changements de posture de la nouvelle direction générale de l’Elysée seraient de nature à satisfaire les syndicats FNSEA et Jeunes Agriculteurs ?

J’avoue ne pas comprendre ce qui, en l’espace de quelques heures, a précipité la fin de cette colère pourtant bien légitime et dont les racines profondes laissaient à penser que la solution de cette crise résidait davantage dans des états généraux de l’agriculture plutôt que dans deux-trois mesurettes décidées sur un coin de table.

Car rien ne laisse à penser, hormis l’effet d’annonce du squatteur de Matignon, que celles-ci contribueront à restaurer la souveraineté de notre pays en matière alimentaire. Nous avons tout lieu de craindre le contraire. Comment nos agriculteurs ont-il pu tomber dans le panneau ?

Résumons nous. L’une des mesures phare est la création d’une force européenne de contrôle afin de « lutter contre l’importation de produits qui ne respectent pas les règles. » Par qui cette force européenne sera t elle dirigée ? Des élus ? Ou encore des technocrates bruxellois à la solde de lobby privés ? Pourquoi cette force serait elle européenne ? Est ce là leur conception de la souveraineté nationale ?

Une autre mesure. Ils disent avancer sur la clause de sauvegarde sur le poulet ukrainien. Soit. mais quid des céréales qui viendront inonder notre marché national ? Ce matin, sur France Info, le député européen Pascal Canfin, confondant de bêtise, nous signifiait que le consommateur aurait beaucoup à tirer de bénéfice de l’importation de produits ukrainiens (comprenez là produits pas chers) et qu’il était convenu que ces importations venaient en contrepartie de l’aide que nous pouvions fournir à l’Ukraine dans le conflit l’opposant à la Russie. Au détriment de nos agriculteurs ? Pourquoi accepter des produits aux prix bradés alors que nous pouvons les produire nous mêmes ?

Une autre mesure. Il aura fallu la grogne des agriculteurs pour qu’ils prennent conscience de la non application de la loi Egalim. Ah bon… Il n’y avait alors pas de contrôle. Ou alors les grandes surfaces n’en voulaient peut-être pas. Comment vont-ils forcer ces mastodontes financiers à accepter cette loi ? Comment notre ministre qui voulait mettre l’économie russe à genoux va t il s’y prendre ? Quel poids pèse t il face à cette grande distribution qui en un claquement de doigt peut décider de s’approvisionner uniquement avec des produits étrangers ?

Le gouvernement souhaite inscrire l’objectif de souveraineté alimentaire dans la loi.

Chiche, Et pourquoi pas inscrire la souveraineté dans la constitution ? Ah zut, la souveraineté nationale est l’essence même de notre constitution. Est il alors besoin d’en passer par la loi ?

Et que vont penser nos voisins de ce volte-face ? Que je sache, les agriculteurs allemands, espagnols, italiens, roumains, belges s’étaient dressés contre cette Europe lessiveuse des nations et des peuples et cette conjonction de colère était l’espoir de ces peuples écrasés sous le joug technocratique. Comment vont ils apprécier ce qui s’apparentent à un abandon sur le terrain face à un ennemi qui n’a eu juste qu’à sortir le chèquier. 150 millions d’euros sortis du chapeau fiscal et social et, c’est un euphémisme, « pérenne » selon notre nouveau garçon de ferme.

Votre métier serait reconnu métier en tension ? Pas de soucis. Le maroquiné a la solution : la politique migratoire débridée souhaitée par l’Europe vous pourvoira en effectif toujours plus nombreux. Les villages ne voulaient pas de CADA et bien tant pis, ils en auront quand même…

Ne pensez vous pas avoir perdu encore un peu plus de dignité après vous être laissé acheter de la sorte ? Votre colère se résumait-elle à cela ? Ne voyez vous pas que le fond du problème, cette Europe qui décide à votre place, est encore là.

Vous étiez révoltés.

Je le suis encore davantage.

Amitiés patriotes

P.MAGNERON