Une commémoration sous polémiques…stériles

80 ans… Voilà 80 ans que la plus grande opération de débarquement organisée dans le cadre d’un conflit a été lancée et permis la libération progressive du territoire de France puis de toute l’Europe du joug nazi.

80 ans que de jeunes hommes, pour la plupart des civils devenus militaires, formés à la hâte, se sont jetés dans une bataille, la peur au ventre sans aucun doute, mais conscients du moment décisif historique qui s’annonçait à eux.

En offrant à l’humanité leur sang, leur sueur, leurs larmes, ces jeunes hommes étaient tous collectivement responsables du rôle qu’ils allaient jouer dans ce conflit et persuadés du bien fondé de leur mission.

Aussi, entendre aujourd’hui les polémiques nées d’un climat politique délétère, sur fonds de crise internationale née du conflit russo-ukrainien apparaissent pour le moins surréalistes et confinent malheureusement à la stérilité des débats.

Que l’apport américain dans cette guerre ait été décisif en matière logistique, financière, économique est incontestable.

Que la population russe (ex-URSS) ait souffert mille maux contre la barbarie nazie et qu’elle ait pu recouvrer son territoire par le courage, le sacrifice non vain d’une grande partie de sa jeunesse, personne ne peut le contester non plus

Mais comment dissocier ces deux faits bien établis et polémiquer inutilement en prétendant, selon le camp dans lequel on se trouve, que l’un ou l’autre a plus de mérite dans la victoire finale de ce conflit.

Que les Etats-Unis se proclament champions de la défense de la liberté dans le monde a bien évidemment de quoi faire sourire à l’aune de leurs dernières sorties internationales.

Que ceux-ci s’érigent en héros de la seconde guerre mondiale en occultant le rôle joué par les russes est affaire de mauvaise propagande.

Mais que dire des défenseurs jusqu’au-boutistes de la Russie actuelle qui oublient l’apport déterminant des Etats-Unis dans l’aide logistique et matérielle essentielle sans laquelle les combattants russes n’auraient eu que des bouts de bois pour se battre contre l’armée allemande : 409 526 véhicules, dont 43 728 jeeps, 152 000 camions Studebaker US6, 3 510 amphibies, 4 398 tracteurs, 12 161 véhicules de combat dont 1 239 chars légers et 4 957 chars moyens dont le célèbre Matilda IV (sur la base du Matilda britannique), 32 207 motocycles, 7 570 tracteurs spéciaux avec 3 216 moteurs de remplacement.(source wikipedia).

Cette polémique est proprement insultante vis-à-vis de ceux qui ont connu cette époque difficile et qui ont combattu sans ces arrières-pensées nauséabondes. L’ennemi était commun et il fallait lutter ensemble, en Alliés, pour vaincre.

La position française – plus particulièrement – celle d’Emmanuel Macron de ne pas inviter la délégation russe à cet événement n’est pas compréhensible. Elle l’est d’autant moins quand “dans le même temps”, nous invitons sur notre sol le président ukrainien. Ce parti pris a de quoi agacer et nous fragiliser un peu plus sur la scène internationale. Quand on sait qu’une partie des combattants ukrainiens sont de véritables néo-nazis, inviter une délégation ukrainienne à un événement symbolisant la lutte contre le nazisme est consternant.

80 ans après, nous sommes tombés bien bas.

P.MAGNERON